Milan capitale de la mob !
Milan, jeudi 24 juillet 20H04, Maria se gare « Porta Genova « on se rend dans un restaurant à l’intérieur
d’une « Cortile » ; un passage entre deux immeubles où se cachent des restaurants, des boutiques, des
studios de créations… Il y en a quelques uns par ici. Merde ! 20H12 La Fonderie Milanaise, le restaurant
est fermé ainsi que TPR Factory, garage milanais super connu dont la porte donne sur la terrasse, tant-pis
pour les tapas japonais, dommage pour TPR. Lot de consolation, un restaurant vient d’ouvrir, les
mêmes barbus tatoués que chez nous, les mêmes barbus branchés qu’à Paris, j’me sens à la maison.
Maria la Milanaise qui m’accompagne ne porte pas de barbe juste une tenue estivale sexy qui résume
bien l’esprit Milanais !….
20H42, attablés, un type élégant avec qui je discutais motos me dit « Vous les
Français, vous êtes nos américains de l’Europe » ! Cette phrase résonne en moi, est-ce un sarcasme ?
Plus loin, dans la conversation, alors que nous évoquions nos références en terme de style de
préparations et de préparateurs, un autre type me balance « C’est pas parce que Paris est la plus belle
ville du monde que vous les Français vous devez nous imposer votre vision du bon goût ! »…. 22h17 ! Je
finis mon Spritz, Maria son Mojito et nous sortons du resto. Là dans l’un des passages de ce
labyrinthe mezzo branché, mezzo populaire, une porte de garage attire mon attention, j’aperçois un cul,
un cul de BMW R75 ! Dans une lumière théâtrale, le créateur des lieux entrouvre le garage que seul un
parisien aurait du être capable d’imaginer. J’insiste, un rdv est programmé pour le lendemain.
Vendredi 10h27, après avoir enfilé un tee-shirt plus léger qu’une feuille de cigarette et 2 ristrettos, je
retrouve Raffalleo Polchi dans son antre techno-vintage, « l’Américain de l’Europe est peut-être devant
moi ».
L’accueil est chaleureux, des boissons chaudes ou fraiches, un percolateur des années folles en cuivre
pour l’eau chaude, un Fridge publicitaire d’époque pour la bière, des clopes italiennes sur l’établi, des ipad
dans les pilastres du garage, des écrans Apple 30 pouces cachés sous des tables de travail
escamotables, musique, internet et tapis d’orient au sol. Ici tu bouffes par terre et tu bosses dans le
confort, une version hôtel plazza du garage. Officine Riunite Milanesi, un garage dont personne n’a
jamais entendu parler chez nous ni même ailleurs, dont aucune image n’a jamais été diffusée, un garage
pour ceux qui cherchent à manger des tapas japonais et qui se trompent de porte, pas de pub, pas de
site, juste un mail.
Tout ici est perfection sans la frime, tout ici est pour les initiés sans marketing, tout ici est une leçon de
design et de bon goût. Ici les esthètes tutoient les cintrés de la mécanique. Chez Officine
Riunite Milanesi, on partage : « Tu veux une moto, tu seras obligé de travailler 20h dessus pour l’acquérir, il
faut prouver ton amour pour ce que tu veux posséder ». « C’est une façon pour nous de sélectionner nos
clients, seul les plus motivés, les plus passionnés auront une moto estampillée « ORM », les autres, ceux
qui achètent une moto comme on achète le dernier i-phone, on n’en veut pas ! ».
Ils sont 3 pour le moment, Raffaello Polchi et Matteo Pedrocchi les deux associés qui gèrent l’officine et
le design et Daniele Sauro, le chirurgien mécanicien. Les motos sont comme les lieux, rien n’est laissé au
hasard, tout est simple mais cohérent tout est aussi solide que leur logo frappé dans le métal.
Les photos sur le mur c’est pas pour la déco. les connaisseurs apprécieront les motos uniques de la
collection de ces Milanais qui ne font pas les pages des magasines, ni même le tour du web pour le
moment.
12H15, Raffaello et Daniele ont faim, moi aussi. Leur cantine est un poème italien, tous les clichés de
l’Italie mais en vrai, c’est pas un décor de cinéma, ni sur les murs, ni même dans l’assiette, l’escalope
milanaise est aussi grande qu’une selle de 750 four. Pas besoin de faire une note de frais, c’est Raffaello
qui régale !
De retour à ORM Raffaello et Matteo m’expliquent que chez eux, c’est comme un club, tu peux passer
boire un verre, bricoler ta meule, te faire livrer une pizza et écouter de la musique toute la nuit, échanger
pour deux heures ou trois jours ta moto avec d’autres amis du garage, c’est anti-conformiste comme le
crocodile que Raffaello porte barré sur le coeur ! Je lui fais part de la conversation que j’ai eu la veille
avec les deux types du restaurant, il me répond que c’est une vieille querelle de capitale ! Quelle est la
capitale de la mode ? Quelle est la capitale du design ? Quelle est la capitale de la moto ? … Mais pour
trancher, Raffaello me propose de faire le tour des quelques garages qu’il connait ici dans Milan. 14h22,
je monte dans un 4X4 noir mat avec une sonorité envoutante et nous voilà à traverser Milan climatisation
au taquet et clopes au bec !
Les lieux sont tous très originaux, avec des motos incroyables de toutes les races, du stock, de la prépa
à 50 000 dollars, de la moto à pédigrée, des meules qui ont un passé historique, il se dégage de ces
visites, un style à part, un style salon, comme à la maison, des garages à mi-chemin entre le loft et
l’atelier, un truc qui vous fait dire que ces aristocrates de la motocyclette adorent se salir les ongles et
réinventent à leur façon un style de vie où le deux roues est élevé au rang d’objet « Saint » .
19H15, dans le taxi je pense à ce que j’ai vu aujourd’hui, j’ai été reçu simplement, sans prise de tête par
des passionnés modestes. L’Italie est un pays où la moto fait partie intégrante de la vie des italiens avec
180 000 motos vendues en 2014 sur un parc existant de plusieurs millions de deux roues, l’lItalie est l’un
des acteurs majeur en Europe. Moto-guzzi, Moto Morini, Ducati, Aprilia, Bimota, Cagiva, MV Agusta,
Beneli… sont des marques qui comptent. En France, on redécouvre le Fun et la liberté que procure la
moto. on redécouvre cette liberté qui brise les codes du custom et rend accessible la personnalisation, démocratise
la clé à molette et le fer à souder. Ce mouvement est largement propulsé par des gens qui ont un talent
fou dans le marketing et la communication, qui ont un sens aigue de l’image, c’est un peu notre talent à
nous les Français ! Milan est plus académique et moins Rock’n’roll que nous, leurs motos sont certes
parfaites mais n’ont pas ce côté bidouillé à la bière !
Chacun pourra s’en faire une idée en allant à Milan, en faisant comme moi, le tour des garages dont
l’accueil sera aussi chaleureux qu’avec Raffaello. Je ne peux vous donner l’adresse d’Officine Riunite
Milanesi, Les maitres des lieux ne cherchent pas la publicité, alors perdez-vous dans l’une des
« Cortile » du sud de Milan ou alors envoyez leur un mail.
ciao@officineriunitemilanesi.it