Un dimanche en famille

Article et photos : Laurent Scavone

Les dimanches en famille sont parfois chiants. Passage obligé, journée considérée comme ennuyeuse à mourir, obligation de supporter ceux que l’on a pas choisi mais qui feront partie de votre vie… Pour toujours ! Votre soeur moraliste, votre beau frère dont les convictions politiques clivent la famille et les gamins qui braillent dès qu’ils lâchent votre i-phone. Je dis ça alors que c’est pas mon genre, j’affirme ça car il n’y a pas si longtemps j’étais jeune et beau alors qu’aujourd’hui je ne suis que beau. Bref tout ça pour avouer que mon intolérance d’antan à fait place à une bienveillance à l’égard de cette famille qui a fait ce que je suis. Ce qui veut sous entendre que mes passions sont à mettre aux crédits d’une famille à deux roues, amoureux de véhicules exotiques. Pour ne rien vous cacher mes oncles bikers avaient deux chiens de race Boxer qui se prénommaient « Norton » pour le plus calme et « Cagiva »,pour la petite pute qui reniflait les culs et bouffait vos fringues. 

Il existe des dimanches qui ne sentent pas le rôti et les haricots verts, ni le jaune sans glace où les ronflements ne viennent pas du salon après un repas copieux. Des dimanches qui naissent sur des terrains improvisés, celui-ci est en région parisienne, ça murmure au milieu de rien, ça hurle  à l’approche du nuage de poussière que des flat trackers soulèvent à l’extérieur de chaque courbe. C’est là que la table dominicale est dressée sous une tonnelle à l’abris d’un soleil encore mordant de ce week-end de septembre.
Rien autour de nous pour perturber ce repas de famille pas comme les autres, mamies et papis sortent des vans, ces ancêtres sur 2 roues ont de vieilles cannes… bourrées de sève sous LSD, putain elles tournent. Yo ! elles vous « fuck »quand elles font du flat. On s’embrasse et direct on s’arrose légèrement. Les boissons sont fraîches et le barbecue nous fait des yeux de braise. Les gamins n’aiment pas jouer à cache-cache, ils préfèrent le touche-touche à moto, on les comprend…. Là j’me dis pourquoi mes gosses ne veulent jamais suivre leur père, pourquoi les écolos ont mis dans le crane de ma progéniture que tout ce qui crache de la fumée participe à la fin du monde « ça date ton truc du siècle dernier ! , c’est naze papa»
Christophe Decombard est notre hôte, il a eu la gentillesse de m’envoyer un SMS 48H avant la messe « Tu viens, on va sur notre terrain privé faire des ronds, amène à boire ». J’ai dis que rien me retenait à Lille ce week-end, idem pour Alain qui souhaitait m’accompagner, il en a assez du poulet rôti dominical !

Ils sont là ceux dont vous avez mille fois entendu parler dans ce blog ou dans les magasines spécialisés, Frank Chatokhine, Zoé David, Dimitri Coste, Pierre-Alexandre Treust, Jéremy Decombard, Rénia et Jean-yves Sellin, Cyril, Laurence, Tonton la mitraille pour ne citer qu’eux. Une seule famille pour une seule passion, la moto. Ce qui n’est qu’un moyen de transport pour les uns et un style de vie pour les autres, le monde peut bien s’effondrer autour d’eux, ils pourraient rouler au milieu d’un monde sous l’emprise des zombies… hou,houuu !

J’ai apprécié les saucisses, conseillé par mon boucher belge grand amateur de Guzzi, des california 2 et 3, c’est son truc, il en connait un rayon comme pour les saucisses, grosses toujours, grasses par conviction et fourrées de fromage et bière car dans le contraire « ça s’rait triste » !
C’est pas triste sur la piste, alors que Frank et Jérémy labourent de leurs roues arrières le terrain, le petit Némo Decombard avec son 49,9cc imite les grands, postures et styles alors que nous cherchons un peu d’ombre sur nos chaises longues. Le vent se lève et en même temps la poussière, comment vous dire que la nature même quand on la maltraite, nous envoie des poèmes écrits sur l’azur d’un ciel parfait. C’est un spectacle qui vous lève les poils. Des courses s’improvisent sur des minis Bikes YCF 125 et 190cc, ça devient infernal et jubilatoire… C’est beau une famille, ici on fera la sieste le dimanche, un jour peut-être mais ça sera pour toujours en attendant on fait tourner… l’herbe sous nos pneus Maxxis.