Héro / Philippe Canapa
Article pour Moto Heroes
Ecrit Par Philippe Canville – Photographies Laurent Scavone
Avant de lire l’excellent article de Philippe Canville sur la collection autos-motos de Philippe Canapa, j’aimerais vous parler de cette très belle et efficace Harley Davidson préparée Flat Track par Doolish Racing (Vincent Hallouin).
Je dois reconnaitre que cette machine est particulièrement bien pensée. Une belle moto c’est ce qu’on attend d’une préparation et pour certains, l’esthétisme l’emporte sur la prise en main sur route. Ce n’est pas le cas avec cette moto, bien au contraire cette moto peut se targuer d’être les deux à la fois. Pour beaucoup une Harley c’est fait pour cruser et basta ! La transformation de cette moto a renforcé son caractère « performance » et ça se ressent à son guidon. Elle est agile et sa prise en main très facile. La position de conduite plus en attaque augmente la vivacité de la moto, il faut dire que cette meule est un poids plume ce qui compense sa petite cylindrée (883). Les roues de 19 aident aussi à cette sensation de performance à moins que ça soit une impression, mais je ne crois pas. Et puis faire un flattracker sur un 1200 n’aurait pas de sens car pour gagner en agilité il faut que le poids de la moto soit le plus Light possible. Avec un réservoir de 5L, un guidon large et un centre de gravité étudié on se sent bien sur cette moto. Etrangement elle ne fait pas de bruit contrairement aux Harley en mode Chopper, au début c’est déroutant mais on s’y fait rapidement car on est bien sur cette machine. L’instrumentalisation électronique qui remplace le bloc compteur est magnifique, d’ailleurs tous les câbles sont minutieusement cachés et épurés au stricte nécessaire. On sent une grande rigueur dans le soin apporté à chaque détails ce qui procure un sentiment de sécurité. Je dois aussi préciser que je pèse 75kg et je mesure 1-79m c’est parfait pour cette moto. Plus grand et surtout plus lourd cette moto ne paraitrait pas aussi plaisante. La selle, oui la selle est faite pour un petit cul, 10kg de plus et ça deviendrait insupportable…. Bref cette bécane est faite pour moi.
Laurent Scavone
« Depuis sa prime jeunesse Philippe Canapa, originaire de Lille, vit sa passion à fond les manettes. Que ce soit sur la piste, la route ou les ovales de terre, il aime avant tout aller vite et s’offrir de très beaux jouets. Rencontre avec un épicurien versé dans l’hédonisme…«
“Ce qui distingue les adultes des enfants, c’est la taille de leurs jouets” écrivait en son temps une grande journaliste nommée Françoise Giroud. Philippe Canapa que nous avons rencontré pour cet article illustre parfaitement cette petite philosophie, tant il aura passé de temps dans sa vie et sa carrière de motard à s’offrir ce qui lui fait avant tout plaisir. Il a commencé tôt il faut bien dire, ce natif du début des années 60. Il dit : “Je crois que j’ai découvert les plaisirs de la mécanique dès mes toutes premières années. Mon père travaillait dans le domaine de la compétition automobile et commercialisait des systèmes Bosch pour faire performer les voitures. Il se déplaçait sur les circuits et règlait ou aidait à régler les carburations et les allumages. Très tôt donc il m’a traîné sur le circuit de Gueux à Reims et ailleurs, je devais avoir cinq ou six ans. Le virus a frappé fort et je ne me suis jamais guéri…”
Il annonce ça avec un grand sourire et ses propos ne souffrent d’aucune contradiction quand il énumère ses nombreuses possessions en matière de motos ou d’autos : “Evidemment dès que j’ai pu, je suis grimpé sur une mobylette. Comme tous les copains. Et nous faisions tout ce qui était possible pour aller… vite. Vers 16 ans j’ai reçu ma première vraie moto, une Yamaha 125 DTMX avec laquelle j’ai fait les 400 coups. Ensuite il y a eu une floppée de bécanes, pas toujours très efficaces mais que je m’efforçais de faire avancer le plus vite possible.
Dans le désordre des Yamaha 1100 XS, ou des 650 de la même marque, ensuite une Buell mais auparavant deux ou trois Harley. Petit à petit je me suis passionné pour les motos de vitesses. Avec une Ducati 750 SS j’ai découvert les joies du circuit. Parfois à mes dépens car je suis allé très souvent au tapis. Ce devait être mon côté généreux sur la poignée de gaz (rires). Bref, comme les locaux de ma société sont basés à Lezennes et qu’il y avait ce circuit en centre ville, j’ai consacré pas mal d’argent et de temps à me construire de fameuses machines pour y rouler. Il y a eu d’abord une Yamaha R6 que j’avais fait préparer par mon ami Vincent Hallouin. Un mécanicien super doué, ex-pilote en championnat national qui savait faire aller vite ces motos. Je me suis inscrit à des stages de pilotage avec les frères Sarron et j’ai pu progresser. Et puis apprentissage et passion aidant, je suis passé sur une plus grosse moto. La R 1 de chez Yamaha. Et là c’était beaucoup de mon temps et de mes loisirs qui passaient là-dedans. Ma femme acceptant que je passe mes week ends avec mes potes à faire des courses”.
Philippe parle avec une telle passion et pas mal de désordre chronologique de sa passion pour la vitesse. Nous tentons de remettre un peu d’ordre dans tout cela. Pas facile cependant. Nous en retenons cependant que la marque Ducati lui a beaucoup apporté de satisfactions et de plaisirs. Il raconte : “Avec les Ducati ça a été une période fantastique. Une 999, puis une 1198 pour finir avec une Panigale. Des bécanes incroyables, vraiment conçues pour la piste que Vincent rendaient plus fiables et performantes. Comme entre temps il avait monté son atelier, mes potes du coin se sont branchés avec lui et nous formions une sacré équipe. A cette période j’ai roulé sur beaucoup de circuits, en France et aussi en Europe. Un jour, je trouve une 500 de Grands Prix, ex Eddie Lawson. Je l’achète et on refait tout avec Vincent. Puis je roule. Bon là c’était quand même une autre dimension. Rien à voir avec les sportives de route. Une vraie moto de course. Exigente et difficile… mais quel pied !” Son enthousiasme est communicatif et ses expériences captivantes. Mais comme il le souligne : “J’ai fait un bon paquet de chutes. Forcément à vouloir aller toujours plus vite, il fallait que ça passe ou que ça casse. Ça a cassé. Une clavicule en miettes et j’ai pris le temps de réfléchir, juste pour me calmer un peu aussi. Mes gamines étaient jeunes, ma femme n’avait pas trop envie de me retrouver avec un gros problème de santé. J’ai calmé le jeu. Enfin j’ai revendu les motos de piste et je suis passé à autre chose…” Suit une longue énumération de tous les jouets que Philippe s’est offert et de toutes les disciplines à sensations qu’il a abordé. Jet Ski, Wake board, Snow board mais aussi tennis, voiture classiques, bateaux… Toujours de beaux objets situés dans une période qu’il affectionne beaucoup comme il le précise : “En fait les années 70 sont pour moi symbole de liberté et d’insouciance. Une autre époque dans laquelle je me reconnais vraiment. Avec une esthétique vraiment particulière et une philosophie totalement disparue. J’ai eu de belles autos aussi, notamment une Dino Ferrari que j’ai gardé un temps, avant de la revendre et de la racheter au final. Mais aussi cette Porsche 356 que j’ai entièrement refaite et transformé à mon goût. Une Jaguar Type E aussi…” Pfff, l’animal vous collerait facilement le tournis. Surtout depuis qu’il se passionne pour les motos de flat track (celles qui tournent en rond sur un ovale de terre).
Ce qui nous amène à pirouetter vers ses deux motos de prédilection, une Yamaha WRS 450 à cadre Cheeney et une Harley-Davidson 883 transformé pour la discipline. Là-aussi son vieux copain Vincent a mis la main à la pâte. Et pas seulement. Philippe indique : “Ces deux motos sont à l’image de ce qui me motive actuellement. La 450 WRS a été construite selon mes indications par Vincent au sein de son atelier Doolish Racing Parts (NdR : Doolish c’est le nom mannois de Douglas, la capitale de l’île de Man où a lieu le Tourist Trophy chaque année). C’est une arme. Pas facile à emmener mais vraiment étonnante. En plus, nous avons pensé faire deux versions dont une peut être utilisée sur la route, avec un frein avant des lumières et tout ce qu’il faut. C’est un peu pareil pour la H-D. Elle semble toute simple à première vue mais il y a un travail important, sur le cadre et les trains roulants. Pour respecter le style flat track on a trouvé un frein avant à tambour pas plus gros qu’un moyeu. Histoire d’avoir un peu de marge quand même. Le reste ce sont de longues heures à l’atelier pour obtenir au final une vraie efficacité aussi bien sur la terre que sur la route”. On ne saurait en douter. Philippe n’est pas du genre à laisser les choses au hasard. Sa passion pour les motos qui vont bien, c’est tous les jours qu’il la vit…