Gentlemen since 1976

Anthony jette un oeil nerveux au deux motos qui le côtoient : une Beta 125 RC sur sa droite, une Husqvarna CR 360 sur sa gauche… Le rugissement des 200 autres motos qui l’entourent devient infernal, le départ va être donné dans quelques secondes… Surtout ne pas caler, surtout garder son sang froid, accélérer fort pour s’extirper de la masse, mais pas trop pour ne pas s’enliser… Même si le vent, qui vient de la mer, est de la partie et la température pas loin de zéro. Anthony n’a absolument pas froid….

Il est prêt. Sa 250 Cappra aussi. On pourrait dire qu’il attend ce moment depuis longtemps… depuis 40 ans ? Non, ce n’est pas possible Anthony a tout juste 24 ans. Mais le départ vient d’être donné : C’est parti pour le 3ème enduro des sables du Touquet ! Le bruit a atteint son maximum, autant de motos qui s’élancent en même temps, ça s’entend tout au bout de la rue Saint-Jean ! Anthony a ouvert les gaz et s’envole !

Nous sommes, à n’en pas douter, en 1976 vu le nombre de Bultaco, d’Aspes, de Fantic, d’Elsinore, de XL, de CR, de DR qui dessinent sur la plage un long cordon de fumée blanche, substituant pour un moment au nez des passionnés venus assister à la course, l’iode revigorante de la Mer du Nord par les vapeurs de la Castrol 2T.

Mais nous ne sommes pas en 1976 mais bien en 2016, à cet enduro mythique du Touquet devenu, depuis l’an dernier, une épreuve à part – et à part entière : l’enduropale Vintage. Tout pourtant aurait pu nous le laisser croire. Les motos d’époque, les pilotes, quelquefois eux-aussi d’époque, qui jouent le jeu et courent comme pendant ces années, en veste Barbour, en Sidi et casque jet.

Anthony Ducatillon avec sa Montesa de 1976 totalement conforme à l’origine pourrait ne pas faire exception à la règle. Mais il n’est pas tout à fait comme les autres. Ce jour-là Anthony s’appelle aussi Hubert. Le nom de son père, décédé alors qu’il avait trois ans et à qui il rend hommage, aujourd’hui, quarante ans après. Avec la même moto que celle avec laquelle son père finissait troisième en catégorie Gentlemen en 1976.

Gentlemen ! Pouvait-on trouver meilleur qualificatif pour désigner les centaines d’amateurs qui, depuis les débuts, ont fait le succès, l’intérêt, le sel de l’Enduro du Touquet ? Assurément non ! Il en faut toujours aujourd’hui pour que l’aventure soit belle comme Gaëtan et Antoine de chez Galb Motorworks qui l’ont aidé à remettre en route sa machine qui sommeillait dans la remise familiale depuis tant d’années… Comme ceux de chez Gentlemen’s Factory qui l’ont habillé du nostalgique maillot à damiers personnalisable. Toute sa bande de copains, amis, famille qui ont dû avoir le coeur pris en voyant passer cette silhouette intemporelle et éternelle dans les dunes.

Anthony a terminé les deux manches de cet Enduropale Vintage avec le coeur à cent vingt. Il serait simplement déplacé de lui demander sa place. Parce qu’aujourd’hui Anthony a tout gagné : Le respect et l’admiration…de ses pairs.

Anthony porte un maillot de cross vintage personnalisable que vous pouvez acheter ici

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Texte : Pascal Lefebvre

Images : Laurent Scavone