::::::::::::::::::::::::::::::: Article & photos : Laurent Scavone :::::::::::::::::::::::::::::::
Chaque année le crew du Wheels and Waves (Les Southsiders) organise le Grizzly, une balade motos avec leurs proches lors d’un petit week-end de trois jours totalement pris en charge par les Southsiders.
Ces trois jours de détente entre amis ont pour but de ritualiser l’essence de ce qu’était le Wheels and Waves avant de devenir cette machine à rêves regroupant chaque année en juin à Biarritz 20 000 amateurs de motos, de surf et de skate.
20 participants lors de cette « sauterie » entre amis, les membres de cette team donc, Jérôme, Julien, Christophe, Valérie et les potes de toujours dans un lieu tenu secret jusqu’à la dernière minute. Un camion avec assistance prend en charge les baguages et les éventuelles pannes, une team pour la logistique s’assurant que tout le monde mange à sa faim et ne manque jamais de boissons. Ils ont la charge du feu de camp indispensable car sans viande de Grizzly grillé c’est quand même pas pareil…, c’est roots mais il ne faut quand même pas déconner 🙂
Vendredi dans une ancienne caserne militaire de Toulouse camp de base des Southsiders, un soleil franc donne à ce lieu un air de zone indus. Californien, le spot n’est pas le fruit du Hasard. Un El camino, des motos entre 60 et fin 70 stocks ou bricolées à la sauce Freaky dont les Southsiders ont le secret et qui donne à leurs meules un je ne sais quoi de rock’n’roll.
Le gosier rassasié au même titre que nos tanks, nous traçons vers Cahors et suivons Jérôme sur un sporsters du milieu des années 70, je kiffe sa selle blanche ! Les motos serpentent en ligne à vitesse soutenue, on surfe sur de jolies routes désuètes bordées de murs en pierres sèches recouvertes de mousse, c’est le canada si j’osais fermer les yeux. Puis on enquille comme un poème des gorges, le Tarn et l’Aveyron… Vous l’entendez la musique, celle qui bat au rythme d’un cylindre de BSA.
Et puis les premières embrouilles, une BSA que l’on couche dans les herbes hautes pour remplacer un robinet d’essence à l’arrache, le W&W nous promet « Back to the Roots « on y est ! C’est un couple venant de Moscow et ami du crew qui danse la Petrouchka sur cette meule, qu’on pousse et qu’on rafistole !
On arrive au camp de base « un château » escorté par un Ford F250 longue benne de 1965 … On est bien chez les Southsiders. Les gars sont chauds, des motos vintage d’enduro nous attendent, on peut profiter des 400 hectares d’une nature généreuse dont dispose ce gite !… » Monsieur le conte des sauvages sillonne vos terres… ça pétarade dans les bois ! ».
Rouler beau, rouler bien … Pas tout le temps !
On ne critique jamais Goodwood, on ne crache pas non plus sur le Trog « The Race Of Gentlemen » !
C’est quoi la recette du W&W Jérôme ? Y a pas de recette, on a fait un événement qui nous ressemble et un jour on a filmé un run entre potes et on a partagé le film sur Facebook et comme nos amis sont disséminés sur toute la planète ,on a publié en anglais, la vidéo a fait un carton, la suite vous la connaissez, 20, puis 100, puis 1000, puis 10000 et enfin 20000. On a rien changé à notre trip du départ, on a essayé de suivre et d’organiser.
Les Southsiders ont transformé définitivement la concentration motos en meeting du cool, en art de vivre mélangeant les disciplines les plus fun de la planète, moto, surf, skate, musique et art dans un esthétisme qui touche ceux dont le beau et le bon sont une norme. Le wheels and Waves a « ringardérisé » les autres meetings, d’ailleurs combien d’entre vous sont capables de s’enfiller des centaines de kilomètres pour ce rendre à un événement moto avant celui-ci ?
Les membres du Wheels conduisent des américaines comme leurs shoes, leurs motos sont anglaises, leurs casques sont japonais, leurs fringues made in Fance, made in Australia ou viennent du soleil levant, les typos sont faites à la main comme dans le passé, le graphisme est pointu et arti. L’anglais est de rigueur, on ne roule pas, on glisse, on ne parade pas, on défile…, le wheels n’est pas un événement, c’est une capsule temporelle qui nous fait voyager dans un pays qui n’existe pas mais qui fait fantasmer tout le monde. Le Wheels n’est pas fait pour les amateurs du salon de la moto de Pecquencourt, ce n’est pas non plus celui des hypsters, le wheels c’est le rassemblement de ceux qui revendiquent une culture faite d’histoires, d’héritage, de valeurs, de beau et de bon, on y vient pour voir et se faire voir, pour la côte basque, les huitres du marché couvert, les montagnes espagnoles, pour l’océan et pour les héros de la custom culture qui sont les nouveaux héros de la pop culture.
Back to the roots !
C’est la nouvelle promesse du W&W, revenir à l’essence des premiers rassemblements, on retrouvera les courses, celle du run sur une route ouverte espagnole « Punk’s Peak Sprint Race » Jaizkibel Hondarribia, El Rollo Flat Track Race » Hippodrome de San-Sebastian et l’enduro race Saint-Pée-sur-Nivelle, sans oublier les divers contestes de surf et de skate. C’est effectivement l’ensemble de ce programme qui nous pousse à faire la route mais attention de ne pas perdre l’esprit Roots qui faisait des amateurs, bricoleurs de véritables héros avec lesquelles nous pouvions tous nous identifier, nous les pilotes du dimanche. Toucher du doigt ceux qui s’affrontent sans gloire, aujourd’hui il y a des cordons de sécurité, des passes, des numéros, des palmarès mettant de la distance entre eux, les bons et nous les losers, alors que faire pour rester Roots ? Négliger la sécurité, faire moins bien ou autrement ? J’ai pas la réponse. Peut-être apprendre à dire non, non aux sponsors de plus en plus exigeants, aux normes draconiennes et surtout faire de la place aux amateurs, aux farfelus et à la part de folies que les Southsiders ont érigé en dogme depuis la création de cette événement pas comme les autres.
Dimanche soir, la folie du camp reprend ses droits et nous suivons Mayol ami du crew qui roule à poil et casque Ruby Castel car on a le droit de mordre la poussière avec élégance ici et puis dans la nuit d’encre et sous les étoiles on finit par accrocher aux scotchs nos i-phones à l’avant des motos torches allumées pour un enduro by night en dessinant des ombres gigantesques dans une fôret fantomatique où des yeux inquiets de bestioles nous dévisagent mais tout le monde s’en fout. Ce week-end, chaque invité a cherché le vertige comme ce premier run fondateur du W&W et c’est là dans la nuit froide, parcourant à l’aveugle un tunnel d’arbres soutenu par les cris, les rires, l’essence et les échappements rougis qu’on se dit que 5 jours à Biarritz pour le W&W c’est trop pour ceux qui n’ont aucune imagination et pas assez pour ceux qui ont pour mode de vie … la liberté.
Je tiens à remercier toute l’équipe des Southsiders et tout particulièrement Christophe Canitrot.