8H00 du matin, je me réveille chez Frank Chatokhine et le retrouve dans la cuisine. Le café est chaud, la lumière qui vient de l’extérieure est déjà vive et les premières clopes dessinent des volutes qui se mélangent aux vapeurs du café.
On sonne à la porte, Rénia, Cyril et Jean-Yves Sellin entrent tout sourire, ils sont déjà en tenue. Encore un café, une douche et nous voilà prêt à faire la route entre Chartres et Montlhéry. Le Stand est déjà sur place avec les motos qui vont courir et celles qui seront exposées au public. L’événement à l’autodrome de Linas-Montlhéry est classique ; des motos anciennes et une majorité de voitures rarissimes d’avant la seconde guerre. Présenter des machines rares est une chose … mais affronter l’anneau mythique et chaotique de Montlhéry avec des machines d’un autre temps, avec tous les dangers que cela comporte, s’en est une autre !
Nous enfilons nos casques, des vestes Worker en Moleskine pour Frank et moi et nous sortons les motos. Elles ont passé la nuit en très bonne compagnie dans l’atelier des Chatokhine, entourées de motos anglaises. Frank met un coup de kick à ça Velocette, Rénia sur sa Triumph, son casque Ruby visé sur la tête s’impatiente, idem pour Jean-Yves. Cyril, lui, très calme, c’est sur sa BSA qu’il prendra la route. En parlant de moto vintage vraiment stylée, moi, comme un blaireau, j’aurai pu prendre l’une de mes motos anciennes… Ben non, elles sont en panne alors je détonne un peu avec ma Kawasaki W650.
Bref ! une heure nous sépare de l’événement, une heure à rouler à la cool à travers la campagne et les sous-bois, les odeurs d’humus et de rosée filtrées par les rayons d’un soleil printanier.
Déjà, autour de ronds points, comme-ci nous leurs avions donné rendez-vous, d’autres machines nous attendent . Il y a des inconnus et des potes, j’interroge Frank du regard, visiblement il ne connais pas tout le monde, mais ça semble habituel. Plus nous avançons plus le groupe s’agrandit, nous passons de cinq à treize motos. Christophe Decombard vient de nous rejoindre avec un café racer sur base Suzuki préparé par ses soins. Je les regarde rouler… ils surfent… ils glissent… ça me parait tellement fluide et synchronisé c’est beau à voir…
Arrivé à destination, tout s’enchaine, on prépare les motos, on parle, on échange, on serre des mains, on apprend à se connaitre. Pour une fois j’ai rien à vendre ! j’suis venu en touriste, pour rouler, et j’suis venu pour Frank. Des passionnés viennent inspecter et admirer les motos des Ateliers Chatokhine pendant que Frank enfile sa combinaison pour entamer les premières courses. Combinaison en cuir vintage noir, chaussures Redwings et casque Castel de chez Ruby … il grimpe sur sa Triumph Speed Twin de 1937 préparée. Sur la ligne de départ, c’est un vacarme assourdissant qui vient de machines anciennes de toutes origines : des V-twin, des monos de types Manx, des bases italiennes, anglaises, américaines, allemandes et Françaises, bien qu’assez rares. C’est pas tous les jours qu’on peut voir rouler et entendre tourner des « Motosacoche – Gillet Herstal – Excellsior Motorcycle – Indian…
Le stress des pilotes agit sur la poignée des gaz, c’est plus de bruit encore ! Le stress, c’est un bruit sourd et communicatif !
Les motos roulent, tournent, des genoux touchent le sol mais un seul frôle les rambardes de sécurité au plus haut de l’anneau « Banking » de l’autodrome, c’est Frank… pour être au sommet il faut monter dans les tours et ne pas avoir le vertige, seul, penché à 52°, tu côtoies le ciel.
Velocette de Frank Chatokhine des Ateliers Chatokhine, Triumph, BSA, Norton, Velocette. Moto anglaises classiques
Frank Chatokhine avec un sweat-shirt moto vintage Gentlemen’s Factory « Motor Fucker »
Rénia Seulin et sa Triumph classique
Frank Chatokhine et sa Norton pour course de circuit, vintage class
Frank Chatokhine et sa Triumph speed twin de 1936
Frank Chatokhine et veste worker Gentlemen’s Factory
Frank Chatokhine et sa triumph speed twin
Frank Chatokhine et sa triumph speed twin
Laurence Chatokhine
Frank Chatokhine sur l’anneau de minas montlhéry
Frank Chatokhine avec sa Triumph de 1936 (500CC) photo Laurent Scavone
Frank Chatokhine avec sa Triumph de 1936 photo Laurent Scavone
Laurent Scavone, gentlemen’s factory sur l’anneau de Linas Montlhéry
Frank Chatokhine avec sa Triumph de 1936 (500CC), photo Laurent Scavone
Frank Chatokhine avec sa Triumph de 1936 (500CC), photo Laurent Scavone
Rénia Seulin des Ateliers Chatokhine
Frank Chatokhine avec sa Triumph de 1936 (500CC), photo Laurent Scavone
Naissance de l’Autodrome Linas-Montlhéry :
L’autodrome ouvre en 1924, sous l’impulsion d’Alexandre Lamblin. Cet inventeur4 et industriel, né en 1884, a fait fortune en fabriquant des radiateurs pour les avions, puis pour des automobiles ; passionné de sports, il possède un journal spécialisé : L’Aéro-sport5.
En ce début des années 1920, l’industrie automobile est en effervescence, cherchant à battre des records, notamment de vitesse. Les défis alors inédits, tels que des courses entre une voiture et un avion, sont à la mode et intéressent le grand public.
En 1922 Alexandre Lamblin, avec l’équipe de l’Aéro-sport, imagine de créer un lieu dédié à tous les sports ; il fait l’acquisition, en 1923, d’un terrain situé sur le plateau de Saint-Eutrope, à Linas, village traversé par la Route nationale 20, situé entre Longjumeau et Arpajon. Les terrains sont peu coûteux et proches (à une trentaine de kilomètres) de Paris. Deux projets sont étudiés, le moins onéreux est retenu. Il consiste en un anneau de vitesse de deux kilomètres et demi, occupant le plateau de Saint-Europe. L’anneau sera étendu et complété par la suite d’un circuit routier construit sur deux des communes limitrophes de Linas.
Le plateau de Saint-Eutrope se rattache géographiquement au Hurepoix, dans l’ancienne forêt d’Yveline. Ancien emplacement de la seigneurie6 et du château de Fay7, il est alors vaste, boisé, peu habité et peu construit : une maison de maître (le « château de Saint-Eutrope »)8,proche de Linas, ainsi que la ferme du Fay9, au nord-ouest.
Pour Alexandre Lamblin, l’anneau de vitesse est central, essentiel ; il y voit « un gigantesque vélodrome, à l’échelle des vitesses possibles pour l’époque« , « un grand théâtre sportif« 10.
Dessiné par l’architecteRaymond Jamin, l’anneau de vitesse de la piste prend donc une forme ovale, comportant deux lignes droites de cent quatre-vingts mètres de distance. Il présente la particularité, notable, de virages concaves ; leur forme parabolique cubique à axe vertical comporte un raccord tracé selon une spirale logarithmique. Le dessin vise à permettre à des véhicules d’une tonne d’atteindre une vitesse de 220 km/h au sommet des virages. Le circuit, mesuré sur son axe médian, développe exactement 2 548,24 mètres.
La construction de la piste de vitesse construite sur une charpente à la fois métallique et en béton débute le .
Mille tonnes d’acier et huit mille mètres cubes de béton seront nécessaires à deux mille ouvriers pour réaliser l’ouvrage, les travaux dureront six mois. L’usage d’éléments préfabriqués en feront un chantier d’avant-garde. Le revêtement Cold Asphalt recouvre les pistes, à l’exception des virages relevés, en béton.
Une nouvelle homologation (roulage dépourvu de compétition) de l’anneau de vitesse et du circuit 3,405 est accordée en 2010. Ce qui permet aux collectionneurs et aux amateurs de sports automobiles de revenir sur les pistes de l’autodrome. Elle est reconduite en 2014.
Depuis, une dizaine d’événements a lieu chaque année. Ces manifestations sont gérées par la cellule événementielle de l’UTAC : Paris Auto Events. En semaine, l’autodrome se transforme en centre d’essais pour tout ce qui a trait à la mobilité terrestre.
En 2014, le bâtiment « 1924 » est inauguré 24, 25.
En 2016, le Centre d’essai de véhicules autonomes (CEVA) amorce ses activités 26. Les premiers essais sont attendus dans le courant de l’année 2018.